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Le philosophe. — C’est-à-dire : nous est cher… à nous. Mais fasse Dieu que ce capital, placé ici-bas en oremus, nous rapporte là-haut la vie éternelle !

— Silence ! l’hérétique ! crièrent-ils. Le moine fit un geste de mépris, et continua : — Combien votre salut m’est cher !… car je m’expose à passer des jours entiers avec ce fils de Satan pour que Dieu ne s’irrite pas de vos relations avec lui.

— Et pour débiter votre pacotille, repartit l’incorrigible philosophe.

— Aussi nous vous bénissons, mon père, crièrent les autres contrebandiers à haute voix, afin d’étouffer cette impertinente interruption.

Le moine. — Jésus ! mes fils, je gémis comme vous que cette tartane soit commandée par un renégat ; mais ce renégat est le seul homme, c’est-à-dire le seul mécréant qui connaisse bien cette côte. Hélas ! hélas ! que ne se présente-t-il un chrétien ?

— Écoutez, mon père, dit le marin qui avait souffert de la distraction de Florès, l’homme à l’évacuation sanguine enfin ; écoutez, mon père, est-ce une bonne action que de délivrer la terre d’un païen ?

— On obtient le ciel, mon fils !