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Le Gitano. — Que voulez-vous, mon père ? votre supérieur me paie bien et m’emploie pour débarquer les objets de contrebande dont est gorgé son couvent ; il m’emploie, parce qu’il sait que personne mieux que moi ne connaît les détours et les passages de cette côte, et que si je suis pris il ne sera compromis en rien, vu que la sentence de mort qui pèse sur moi… Mais anathème, comme vous dites, anathème ! je suis maudit. On le sait ; — et comme même les contrebandiers espagnols sont trop religieux pour acheter quelque chose qui ait été touché par un excommunié, on vous envoie afin de bénir ces riches étoffes, ces brillans aciers, de mettre la conscience des acheteurs en repos et de trouver un débouché aux ballots de votre digne supérieur. Enfin, en diminutif, nous sommes Dieu et le diable.

Le moine. — Misérable !… renégat !… mécréant !

Le Gitano. — En outre, vous faites un honnête commerce avec ces bonnes gens, car vous leur vendez un peu bien cher vos bénédictions et vos exorcismes, qui, entre nous, ne rendent ni la soie plus serrée, ni l’acier plus flexible.

Le moine. — Fils de Satan ! infâme damné !