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Ave, Maria purissima ! plaignez le blasphémateur, dirent les contrebandiers en se signant et en frémissant d’horreur. Plusieurs fervens catholiques cherchèrent même leurs couteaux.

Le Gitano, ne concevant rien à ce retard, réitéra le signal accoutumé, et l’on vit briller un nouveau sillon de feu.

— Que de temps perdu ! dit le philosophe. Et il s’avança dans l’eau jusqu’à portée de voix de la tartane : — Seigneur damné, seigneur maudit, s’écria-t-il d’un air bouffon, avez-vous donc oublié que ces saintes gens ne s’approcheront pas si le révérend, par sa présence, ne rassure les consciences timides de ces agneaux ? Et il rejoignit le gros de la troupe, qui le maudissait.

Le Gitano se frappa le front, et donna un léger coup de sifflet. — Le frère ! dit-il à un nègre qui se montra à l’entrée du panneau. Le noir disparut, et revint seul un instant après en faisant un signe de tête négatif. — Eh bien ! qu’on le hisse ! — Le nègre alors, avec une promptitude admirable, leva une antenne, y établit une poulie et une corde, descendit dans le faux-pont, et trois minutes après on vit le révérend s’élever majestueusement du milieu de l’ouverture qui conduisait à la cale, planer un instant au-dessus