Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vait d’issue qu’à travers les brisans les plus dangereux.

Le Gitano avait une telle habitude de ces écueils, qu’il s’aventura sans crainte dans cette passe, et, après y avoir navigué avec une adresse merveilleuse, il fit carguer toutes les voiles, et démâter en larguant les haubans qui n’étaient pas établis à poste fixe, mais sur des mouffles, de sorte qu’au bout de quelques minutes, la tartane, qui tirait peu d’eau, était rase comme un ponton, et entièrement cachée par les rochers qui masquaient le canal du côté de pleine mer.

Là, le sifflet du damné retentit de nouveau, mais à deux reprises différentes, avec des modulations singulières.

Aussitôt on entendit le bruit d’avirons qui battaient l’eau en mesure, et l’on vit sortir de derrière un quartier de roche une tartane en tout semblable à celle du Gitano. À l’arrière était le jeune homme à la douce figure et au menton imberbe qui avait tant étonné le barbier Florès. Le damné lui fit un signe qu’il parut comprendre, car il hala son navire le long des rochers tant qu’il fut sous-venté par la hauteur du cap ; puis, étant parvenu à l’autre extré-