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Tout à coup le ciel sembla exaucer ces vœux, certainement bien justes, car deux voiles apparurent au loin : elles serraient le vent au plus près en courant à contre-bord l’une de l’autre, de telle façon que le navire du Bohémien devait se trouver pris entre elles deux ou se jeter à la côte ; et quelle ne fut pas la joie publique quand on eut reconnu les deux lougres douaniers qui hissèrent le pavillon espagnol en l’assurant d’un coup de canon !

Alors la tartane changea rapidement ses amures, vira de bord avec une prestesse qui tenait du prodige, passa entre les deux lougres en leur lâchant sa volée, et laissa porter en plein sur la pointe de la Torre.

Quoique la manœuvre savante et prestigieuse de la tartane eût dérouté les plans de campagne et la tactique des spectateurs de Santa-Maria, ils comptaient toujours sur la vitesse et le nombre des attaquans pour voir leur ennemi pris et traîné à la remorque. Mais la tartane, ayant sur les deux lougres un avantage de marche positif, disparut bien avant eux derrière la pointe de la Torre, qui s’avançait de beaucoup dans la mer ; et ce n’est qu’après un quart d’heure de navigation que les garde-côtes qui voguaient dans