Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/56

Cette page a été validée par deux contributeurs.

boutonnières que Florès se chargea de cicatriser et cicatrisa probablement avec son habileté accoutumée.

Quand on fut remis de cette violente émotion, le premier cri fut de demander où était le maudit, et de courir au rivage. Une tartane aux voiles rouges, toute pavoisée comme en un jour de fête, se balançait au large… C’était lui, on n’en pouvait douter. — Au port, au port ! cria-t-on, et on se précipita vers l’embarcadère pour voler à sa poursuite.

Mais là, grand Dieu, quel spectacle ! Le peuple espagnol est tellement avide de courses de taureaux que pas un homme, pas une femme, pas un enfant n’étaient restés dans la ville, tous étaient au cirque, les marins mêmes avaient abandonné leurs navires, et quand ils arrivèrent à la jetée ils trouvèrent toutes les amarres coupées, et virent au loin felouques et balancelles que la mer avait emportées en se retirant.

Alors ce fut une nouvelle rumeur de malédictions sur le Bohémien, et toute la population se jeta à genoux d’un mouvement spontané pour demander à Dieu de faire abîmer la tartane, qui semblait braver cette foule éplorée en étalant ses brillans pavois de mille couleurs.