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sur un menton à fossette ; seulement son teint était pâle et mat.

— Qui je suis ? répéta-t-il d’une voix pleine et sonore, vous allez le savoir, digne Alcade.

Et il appuya vigoureusement ses éperons dans les flancs de son cheval, en lui donnant une violente saccade. Alors l’animal se dressa si brusquement, et fit un bond si prodigieux, que les deux sergens roulèrent dans le cirque, renversés d’un coup de poitrail.

— Qui je suis ?… Je suis le Gitano, le Bohémien, le maudit, le damné, si vous aimez mieux, digne Alcade !

Et en deux sauts il franchit l’enceinte et la barrière, gagna la grève qui était proche, et on put le voir se jeter à la nage avec son cheval…

Alors il se passa un évènement assez bizarre. Le nom du Bohémien fit un effet tel, que toute la population voulut sortir à la fois, et se précipita vers les issues trop étroites pour donner passage à cette masse d’hommes qui se ruaient du même côté. Aussi les poutres des galeries du cirque se fendirent et craquèrent, ne pouvant supporter une secousse aussi violente, et toute une partie de l’amphithéâtre s’abîma sous les pieds des spectateurs ! Le tumulte et l’effroi fu-