Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Enfin la voix glapissante de l’Alcade le tira de son extase, d’autant plus facilement, que la Monja avait quitté sa loge, appuyée sur le bras de la supérieure, et que deux sergens vinrent saisir la bride de son cheval : il s’y prêta de bonne grâce.

— Pour la cinquième fois, qui que vous soyez, répondez, disait l’Alcade. De quel droit avez-vous tué d’un coup de pistolet un taureau destiné aux plaisirs du public ? De quel droit avez-vous adressé la parole à une jeune fille qui doit demain prononcer des vœux saints et éternels ? En un mot, qui êtes-vous ?

Et le municipal reprit sa place en s’essuyant le front, regarda le gouverneur d’un air satisfait, et dit aux deux sergens : — Tenez bien son cheval, messieurs.

— Qui je suis ? dit l’étrange cavalier, en redressant fièrement sa tête, que jusque-là on n’avait pu bien distinguer.

Et l’on vit des traits d’une régularité parfaite ; ses yeux étaient hardis et perçans, une moustache noire et luisante ombrageait ses lèvres vermeilles, et sa barbe touffue, qui se dessinait en deux arcs le long de ses joues, venait s’arrêter