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sous le ciseau ; demain la toile et la bure remplaceront ces éclatans tissus ; demain elle sera liée à jamais par un serment redoutable ; mais aujourd’hui l’usage veut qu’elle assiste aux vanités et aux joies trompeuses de ce monde qu’elle ignore, comme pour lui faire un éternel et dernier adieu.

— Place donc ! place à la Monja, qui entre dans sa loge toute pavoisée et toute tendue d’étoile blanche semée de fleurs.

— Bravo ! les clairons sonnent, le signal est donné, les barrières s’ouvrent : un taureau s’élance et bondit dans l’arène ! C’est un brave taureau sauvage, né dans les forêts de San-Lucar ; il est fauve : seulement une étroite ligne blanche serpente sur son dos. Ses cornes sont courtes, mais fortes et acérées, et il n’y a pas d’acier plus luisant et plus poli. Son cou musculeux supporte sans peine une tête énorme, et ses jambes sèches et nerveuses ne faiblissent pas sous le poids de son poitrail et de sa croupe, qui sont d’une largeur extraordinaire. Quant à ses flancs, ils sont osseux, arrondis, et retentissent sous les coups réitérés de sa longue queue, qui, en les battant, bruit comme un fouet.

Quand il entra, ce fut une explosion d’admi-