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et venait réfléchir leurs mille nuances sur le banc de chêne noir et poli, tout chargé de lourdes sculptures, sur le banc où s’épanouissait Kernok aux jours solennels. Hélas ! qu’il était bien ! avec quelle dignité calme il étalait son immense jabot et son habit marron ! Avec quelle adresse il dérobait sa chique à l’œil du curé ! Avec quel air de componction il fermait les yeux, feignant de prier et de se recueillir, alors que le prône du prédicant l’affectait de la plus agréable somnolence.

Et il fallait que le souvenir de cette figure vénérable fût encore bien présent à la pensée de Grain-de-Sel et de M. Durand ; car ils s’arrêtèrent immobiles devant le banc d’œuvre.

— Je crois toujours le voir, dit M. Durand.

— Et moi aussi, répondit Grain-de-Sel.

Une rumeur sourde annonça l’arrivée de M. Karadeuc, le desservant de la paroisse.

Il officia.

Après l’office, M. Karadeuc monta en chaire.

Alors les fidèles saisirent ce moment pour éternuer, se moucher, tousser, bâiller, soupirer, se tourner et se retourner.

Puis on fit silence,… mais grand silence !

Le prédicateur s’avança sur le bord de sa tri-