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pines en fleurs qui répandent au loin leur parfum.

Ça et là quelques chênes séculaires soutiennent un toit de chaume couvert de jolies pervenches bleues et de clématites, qui pendent en longues guirlandes.

Pour animer ce paysage, tantôt c’est une chèvre dressée sur ses pattes de derrière, qui paraît suspendue à ces festons verdoyans ; tantôt c’est la mince charrette traînée par de grands bœufs, et le cri rauque et continu de l’essieu, et la chanson sauvage du Bragoubras, et l’allure rapide du montagnard d’Arrès, qui monte à cru un de ces petits chevaux noirs au poil frisé, à l’œil saillant, aux jambes nerveuses, qui gravissent les mornes de la côte avec autant de légèreté qu’un chamois.

Puis, au milieu de cette colline, dont la pente est presque insensible, on voit les bâtimens consacrés à Saint-Jean-du-Doigt. Ici l’église gothique avec ses arceaux et ses ogives, ses longues et frêles colonnes, ses frontons découpés à jour comme une légère dentelle, contrastent singulièrement avec le lourd clocher de plomb qui élève son faîte gris et terne au-dessus de la sombre verdure des mélèzes et des sapins.