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légère brise qui circule en sifflant dans les cordages. C’est la fraîche senteur des algues marines, le chant des matelots qui déploient les larges voiles grises, encore humides de la rosée de la nuit, le tintement des cloches de l’église, le hennissement des chevaux qui bondissent en s’élançant dans les prairies verdoyantes qui s’étendent derrière la ville… Tout enfin est bruit, parfum et lumière.

Et l’empressement causé par l’annonce d’une course de taureaux qui devait avoir lieu le jour même à Santa-Maria, augmentait encore ce tumulte. Presque toute la population des villes et des villages environnans encombre les chemins. Là des calèches rouges, couvertes de riches dorures, volent entraînées par un cheval rapide dont la tête est chargée de plumes bigarrées et de clochettes qui résonnent au loin ; ici le pavé tremble et gémit sous les pas de huit mulets dont les harnais resplendissent de chiffres et d’armoiries d’argent, et qui conduisent à grand’peine un coche lourd et massif entouré par la magnifique livrée d’un grand d’Espagne, et précédé par des coureurs couverts de moire et de tresses éclatantes.

Plus loin c’est l’allure preste et fringante du