Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/351

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et une cravate noire, nouée négligemment, permettait de voir son cou nerveux, qui supportait une figure halée, mais riante et ouverte.

— Vienne la Saint-Saturnin, dit-il, en frappant légèrement le fourneau de sa pipe sur la table pour en faire sortir toute la cendre ; vienne la Saint-Saturnin, et il y aura vingt ans que l’Épervier, — ici, il ôta sa toque de laine à carreaux rouges et bleus — que notre pauvre brick aura mouillé pour la dernière fois dans la baie de Pempoul, sous le commandement de feu M. Kernok. Et il soupira en secouant la tête.

— Comme le temps passe ! reprit l’homme au grand col de chemise, en avalant un énorme verre d’eau-de-vie ; il me semble que c’est hier, n’est-ce pas, Grain-de-Sel ? Et je t’appelle toujours Grain-de-Sel entre nous, parce que tu me l’as permis, mon garçon. Eh ! eh ! cela me rappelle notre bon temps. Et le vieillard se prit à rire doucement.

— Sacredieu ! ne vous gênez pas, monsieur Durand ; vous êtes un ancien, vous, un ami de ce pauvre M. Kernok. Et il leva encore les yeux au ciel en soupirant.

— Que veux-tu, mon garçon ? quand vient l’heure de dérâper, dit M. Durand en humant,