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leur,… ajouta Kernok en désignant les blessés de la corvette.

Cet argument calma victorieusement les derniers scrupules des récalcitrans.

— Enfin, dit Kernok, ce sera comme ça, parce que je le veux ; est-ce clair, hein ? Et le premier qui ouvre la bouche, je la lui fermerai, moi, avec la coquille de mon poignard. Allons ! cordieu ! courons grand largue une bordée au nord.

Les dix-huit hommes qui composaient alors l’équipage obéirent en silence, jetèrent un dernier regard sur leurs compagnons, leurs frères, qui poussaient des cris affreux en voyant le brick s’éloigner. Puis, comme la brise fraîchit beaucoup, l’Épervier fut bientôt loin du lieu du combat. Mais le lendemain, une horrible tempête s’éleva, d’énormes montagnes d’eau semblaient à chaque minute devoir submerger le brick, qui, ayant mis à la cape, fuyait devant le temps sous sa pouiouse.

Enfin, après une traversée pénible, l’Épervier atteignit Nantes, y relâcha pour réparer ses avaries, et, suivant les vœux de Kernok, reprit la mer pour venir mouiller encore une fois dans la baie de Pempoul.