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jeune homme ! que ne devait-il pas à la couleuvrine de Kernok ! d’un boulet elle en avait fait un héros pleuré dans les trois royaumes. Quelle belle invention que la poudre à canon !

Tel devait être à peu près le résumé des réflexions de Kernok ; car il resta calme et riant à la vue de cet horrible spectacle.

Ses matelots, au contraire, s’étaient longtemps regardés avec une espèce d’étonnement stupide. Mais, ce premier mouvement passé, le naturel insouciant et brutal reprenant le dessus, tous, d’un mouvement spontané, crièrent : — Hourra ! Vive l’Épervier et le capitaine Kernok !

— Hourra ! mes garçons, reprit celui-ci ! Eh bien ! vous le voyez, l’Épervier a le bec dur ; mais il faut maintenant songer à réparer nos avaries. Suivant mon estime, nous devons être du côté des Açores. La brise fraîchit ; allons, enfans, nettoyons le pont. Et quant aux blessés,… quant aux blessés, répéta-t-il d’un air pensif, en frappant machinalement le bastingage avec sa hache d’armes, tu les feras porter à bord de la corvette, maître Durand, dit-il brusquement.

— Pour… ? demanda celui-ci d’un air interrogatif.