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contre-maître, était à peine donné, que les cinquante-deux hommes et les cinq mousses qui composaient l’équipage de l’Épervier étaient sur le pont, rangés sur deux lignes, la tête haute, le regard fixe et les mains pendantes.

Ces braves gens n’avaient pas l’air candide et pur d’un jeune séminariste, oh ! non. On voyait, à leurs traits durs et prononcés, à leur teint hâlé, à leur front sillonné, que les passions, — et quelles passions ! — que les passions avaient passé par là, et qu’ils avaient mené une vie, hélas ! bien orageuse, ces honnêtes compagnons.

Et puis, c’était un équipage cosmopolite ; c’était comme un résumé vivant de presque tous les peuples du monde : Français, Russes, Anglais, Allemands, Italiens, Espagnols, Américains, Égyptiens, Hollandais, que sais-je ? il y avait de tout, vous dis-je ; jusqu’à un Chinois que Kernok avait embauché à Manille. Pourtant cette société, composée d’élémens si peu homogènes, vivait à bord en parfaite intelligence, grâce à la rigoureuse discipline que Kernok avait établie.

— Fais l’appel, dit-il au second, et chaque matelot répondit à son nom.