Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mais il faut une justice. Si ce cousin de Satan se contentait de faire la contrebande, quoiqu’il soit damné on pourrait encore acheter de ses marchandises en les faisant exorciser ; mais le maudit pille les fermes qui sont sur la côte, enlève nos filles, et commet des profanations dans nos chapelles. Encore dernièrement on a trouvé la statue de saint Ildefonse avec une toque de matelot sur la tête et une longue pipe dans la bouche. Par les sept douleurs de Notre-Dame ! de telles abominations annoncent quelque grand fléau !

— Et dire, reprit le marin, que monseigneur le gouverneur de Cadix ne peut pas disposer d’une bonne frégate pour mettre un terme à ces horreurs, et que nous n’avons pour nous défendre que quelques douaniers garde-côtes qui fuient dès qu’ils aperçoivent le beaupré de la tartane maudite. Armons quelques felouques en commun, mes compères, et, par saint Jacques ! nous verrons bien si Satan le protège, et si le renégat est à l’abri du fer et du plomb.

— Une chose singulière, reprit à voix basse le marchand de bestiaux, c’est que Pedrillo, mon chevrier, m’a assuré avoir vu un canot du navire bohémien venir aborder le long des ro-