Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/269

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nous appareillerons à deux heures et demie. Faites hisser le pavillon et tirer le coup de canon de partance ; virez au cabestan, désaffourchez, et quand les ancres seront à pic, vous me préviendrez. Où est le lieutenant ? le reste de l’équipage ?

— À terre, capitaine. — Envoyez les embarcations les chercher. Celui qui ne sera pas à bord à deux heures aura vingt coups de corde et huit jours de fers sur un parc à boulet. Allez !

Jamais Zéli n’avait vu à Kernok un air si rude et si sévère. Aussi, contre son habitude, il ne fit pas une foule d’objections à chaque ordre de son capitaine et se contenta d’aller promptement les exécuter.

Kernok, après avoir considéré d’un œil attentif la direction du vent et des boussoles, fit un signe à son compagnon et descendit dans sa chambre.

C’est ce compagnon qui vint le chercher dans l’antre de la sorcière. La voix pure et fraîche qui disait : Kernok, mon Kernok, c’était la sienne ; comment n’eût-elle pas été douce, sa voix ! Il était si joli avec ses traits délicats et fins, son grand œil voilé par de longs cils, ses