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qui part au milieu de la nuit pour aller le rejoindre, le diable sait où… Une si belle brise ! Perdre une si belle brise ! répétait-il d’un ton déchirant, en regardant un léger plumet attaché aux haubans, qui, par la direction que lui donnait le vent, annonçait une forte brise du nord-ouest. Il faut être aussi fou qu’un homme qui se met le doigt entre la cable et l’écubier.

Le mousse, impatienté de la longueur de ce monologue, avait déjà essayé deux fois d’interrompre le maître d’équipage, mais le coup d’œil furieux et la mobilité excessive de la chique de son supérieur l’en avait empêché. Enfin, faisant un effort sur lui-même, son bonnet sous le bras, le cou tendu, la jambe gauche en avant, il se hasarda à tirer le maître par un pan de sa houpelande.

— Maître Zéli, lui dit-il, le dejeûner vous attend.

— Ah ! c’est toi, Grain-de-Sel ; que fais-tu là, gredin, buse, animal, rat de cale ? Veux-tu que je te fasse tanner le cuir, que je te rende l’échine aussi rouge qu’un ross-beef cru ? Répondras-tu, mousse de malheur ?

À ce torrent d’injures, de menaces, le mousse