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le moulin et le clocher bleu de Plougasnou, tandis qu’au loin se déroulait la côte de Treguier, au sable fin et doré, terminée par les immenses rochers qui se perdent à l’horizon.

Le joli bassin de Pempoul ne contenait ordinairement qu’une soixantaine de barques, et quelques navires d’un tonnage plus élevé.

Aussi le beau brick l’Épervier dépassait-il de toute la hauteur de ses huniers cette ignoble foule de lougres, de sloops, de chasses-marées, qui étaient mouillés autour de lui.

Vrai ! c’est un beau brick que le brick l’Épervier !

Peut-on se lasser de le voir droit et ras sur l’eau avec ses formes étroites et élancées, sa haute mâture un peu penchée sur l’arrière, qui lui donne un air si coquet et si marin ? Comment ne pas admirer ce gréement fin et léger, ces larges basses-voiles, ces huniers et ces perroquets si élégamment échancrés ! et ces bonettes qui se déploient sur ses flancs, gracieuses comme les ailes d’un cygne ! et ces phocs élégans qui semblent voltiger au bout de son beaupré ! et sa ligne de vingt caronades de bronze, qui se dessine noire et blanche comme les bandes d’un damier !