Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/255

Cette page a été validée par deux contributeurs.

passa la main sur son front brûlant, et serra si violemment ses deux tempes, que la trace de ses ongles y resta empreinte. Il se soutenait à peine, et s’appuya sur le mur de la cabane.

Ivonne continua :

— Que tu aies jeté ton bienfaiteur à la mer après l’avoir poignardé, c’est bien ! ton âme ira à Teus’s ; mais que tu aies frappé Mélie sans la tuer, c’est mal ; car, pour te suivre, elle a quitté ce beau pays où croissent les poisons les plus subtils ; où les serpens jouent et s’enlacent au clair de lune, en confondant leurs sifflemens ; où le voyageur entend, en pâlissant, le râlement de la hyène, qui crie comme une femme qu’on égorge ; ce beau pays, où les vipères rouges font des morsures qui tuent, qui portent dans les veines un venin qui les corrode.

Et Ivonne tordait ses bras, comme si elle eût ressenti ses affreuses convulsions.

— Assez, assez ! dit Kernok, qui sentait sa langue se glacer.

— Tu as porté le fer sur ton bienfaiteur et sur ta maîtresse, leur sang retombera sur toi, ton terme approche ! — Pen-Ouët ! cria-t-elle à voix basse.