Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/243

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Comme le brick se trouvait près des îles du cap Vert, la houle était forte, la brise fraîche ; aussi le matelot du gouvernail n’entendit-il rien. Mais Kernok, qui était venu rendre compte de la route au capitaine, dut s’apercevoir le premier de l’accident, auquel il n’était peut-être pas étranger.

Kernok avait une de ces âmes fortement trempées, inaccessibles aux mesquines considérations que les hommes faibles appellent reconnaissance ou pitié. Or. il parut sur le pont sans qu’on pût remarquer en lui la plus légère émotion.

— Le capitaine s’est noyé, dit-il avec calme au contre-maître, et c’est dommage, car c’était un brave. Ici Kernok ajouta une épithète que nous nous abstenons de répéter, mais qui termina d’une manière pittoresque l’oraison funèbre du défunt.

Oh ! Kernok était laconique !

Puis s’adressant au pilote : — Le commandement du navire m’appartient, comme second du bord ; ainsi, tu vas changer de route. Au lieu de gouverner au sud-est, tu mettras le cap au nord-ouest, car nous allons virer de bord, et regagner Nantes ou Saint-Malo.

Le fait est que Kernok avait en vain tâché de