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généralement en Espagne les boutiques de barbiers, était le rendez-vous de tous les nouvellistes, et particulièrement des marins retraités qui habitaient Santa-Maria ; et si les notices que l’on puisait à cette source n’étaient pas revêtues d’un caractère bien authentique, on ne pouvait nier qu’elles ne fussent au moins fabriquées en conscience : détails, mots historiques, portraits, circonstances, rien n’y manquait. Dévot, d’un esprit souple et conciliant, le barbier exhalait la béatitude par tous les pores ; il était toujours soigneusement habillé de noir ; ses cheveux gris et lisses s’arrondissaient derrière ses oreilles, et deux larges places rouges, remplaçant les sourcils, se dessinaient au-dessus de deux petits yeux fauves d’une mobilité extraordinaire : mais ce qui, surtout, méritait l’attention, c’était sa main, dont la teinte blanche et fraîche, les ongles roses, eussent fait honneur à un chanoine de Tolède.

On l’a dit, Florès tressaillit violemment à l’impertinente apostrophe de José, et ce mouvement subit et colérique fit malheureusement dévier cette main toujours si ferme et si assurée : or, l’acier entama légèrement le cou d’une de ses pratiques, qui se carrait avec complaisance dans le grand fauteuil de noyer noir et poli où