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— Le fait est, mon frère, que cela ne dure guère plus, repartit le bourreau en souriant.

— Ma foi ! ces gens veulent que je me confesse ; je te choisis, toi : tu entendras de bizarres révélations ; mais non, tu aurais peur !…

L’homme au gilet rouge pâlit. Le moine, qui s’était tu jusqu’alors, se leva, sortit un moment, puis rentra accompagné de deux vigoureux galiegos, qui portaient des cordes.

— Mes frères, leur dit-il doucement en leur montrant le Gitano, ce pécheur endurci n’est déjà que trop à plaindre, empêchez-le donc de se damner davantage en prononçant de si horribles blasphèmes. Bâillonnez-le, mes fils, et que Dieu l’ait dans sa sainte garde !

Puis il s’en alla, et l’on bâillonna le Gitano, mais ses yeux devinrent rouges et brillans comme des charbons ardens.

Comme il paraissait assez calme au bout de deux heures, on lui retira son bâillon, d’autant plus que quelques jolies femmes de la meilleure société de Cadix, qui se pressaient aussi autour de l’enceinte, avaient fort justement fait observer qu’il serait impossible de bien voir les traits du Bohémien, tant que cette vilaine plaque de cuir lui couvrirait le nez et la bouche.