Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’en aperçut, lui chatouilla benoîtement les narines avec une plume en lui disant : — Songe à la mort, mon frère.

Le Bohémien se réveilla en sursaut et lança un regard terrible au saint homme.

— Bénissez-moi plutôt, mon frère, dit celui-ci, car voici le révérend Paolo, supérieur de San-Francisco, qui vient à vous.

En effet, un puissant moine entrait dans l’enceinte, les yeux baissés, les mains croisées sur la poitrine. — Ave Maria purissima, mater Dei, murmura-t-il en s’approchant, et il fit un signe au carme, qui s’éloigna sans attendre le répons.

Le moine s’assit auprès du Gitano, qui le regardait avec une singulière expression de mépris et d’ironie ; et, ayant soupiré profondément plusieurs fois, il s’exprima ainsi d’une petite voix aigre et mordante, qui contrastait avec son énorme rotondité :

— Que le ciel vous soit en aide, mon frère.

— Dites plutôt le diable, mon frère.

— Vous vous obstinez donc à mourir dans l’impénitence finale ?

— Mais, oui.

— Songez donc, mon frère, de quelle gloire