Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/176

Cette page a été validée par deux contributeurs.

peuple, envahit le jardin en poussant d’atroces rugissemens.

— Mort au damné ! mort au maudit ! criait-on de toutes parts.

Le Gitano se glissa comme un serpent derrière une touffe d’aloës. La foule arriva près du mur, auprès du palmier, et là trouva la nonne, toujours agenouillée, toujours immobile, toujours les mains jointes.

Ces cris désordonnés la tirèrent du paroxysme où elle était plongée ; elle baissa les yeux, vit du sang fraîchement répandu, et sourit. Mais ses lèvres s’étaient si convulsivement rétrécies que ce sourire était atroce.

La foule frémit, se signa, et resta muette.

La nonne alors, faisant signe de la main à ceux qui l’entouraient, se mit à suivre à genoux la trace sanglante que le Gitano avait laissée sur le sable.

Tous marchaient en silence et frappés d’horreur ; ils arrivèrent enfin au buisson qui recélait le Bohémien.

Là, Rosita s’arrêta un moment pour écarter les feuilles épaisses et vernissées des aloës, se fit jour à travers cet épais taillis, se traîna au-