Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/168

Cette page a été validée par deux contributeurs.

oreille inquiète et attentive que le canon qui tonne dans un jour de bataille, que les cris de joie de tout un peuple dans un jour de fête.

Voyez le couvent de Santa-Magdalena : maintenant que le soleil ne le dore plus de ses rayons, comme il s’élève imposant avec ses noires et hautes murailles et ses vastes portiques gris, découpés en festons ! comme ses tours pesantes, ses longues galeries désertes encadrent bien la sombre verdure des vieux chênes ! comme ces grandes ombres font ressortir la lumière blanche et vive qui éclaire les murs, argente les toits de plomb et la brillante aiguille du clocher !

Je vous le dis, tout est silence ; on distinguerait le vol d’un papillon de celui d’une abeille.

Tenez ! n’entendez-vous pas les violentes pulsations d’un cœur qui bondit et les élans d’une respiration saccadée ? N’entendez-vous pas jusqu’au souple et frais gazon crier sous le léger fardeau qui le presse ?

Glissez-vous derrière ce chèvrefeuille qui entoure ce beau palmier de ses guirlandes de pourpre… Voyez… Vrai Dieu ! c’est la Monja ! c’est le Gitano !

Un pâle et faible rayon de la lune se jouait sur ce joli groupe. Le Bohémien était assis aux