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sement rangés, qui, aux yeux des Espagnols, qui ignoraient que le Gitano eût deux tartanes, semblait surgir du fond de l’abîme au milieu des flots de lumière et de jets de flammes, au moment même où ils croyaient l’avoir à jamais détruit. Cette figure calme et froide du damné, dont le regard avait quelque chose de surhumain, tout cela devait terrifier le malheureux Massareo et sa bande, qui ne virent dans cette aventure pyrotechnique que le triomphe de Satan.

La voix du damné tonna, et tout l’équipage du lougre, qui était agenouillé et comme fasciné par cet étrange spectacle, se précipita la face contre le pont.

— Eh bien ! dit le Gitano, eh bien, brave garde-côte, tu vois que ni le feu ni l’eau ne veulent de moi, et que chacun de tes boulets a réparé une de mes avaries. Par Satan ! mon maître, t’exposeras-tu encore à la poursuite du Gitano, croiras-tu encore que des misérables tels que toi et les tiens puissent arrêter dans sa course celui qui résiste au souffle des tempêtes et à la volonté de ton Dieu !

Personne de l’équipage du lougre ne fut tenté de relever cette impertinente fanfaronnade.

— Mais, par la prunelle ardente de Moloch !