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Et puis, au milieu de ce lac de feu, apparaissait le Gitano et sa tartane !

C’était le Gitano lui-même, entouré de son équipage de nègres, dont les hideuses figures ressemblaient à des masques de bronze rougis au feu.

Le Gitano, sur le pont de son navire, tout habillé de noir, avec sa toque noire et sa plume blanche, ses bras croisés, et monté sur son petit cheval, qui portait une riche housse de pourpre, et dont les crins, tressés de fils d’or, retombaient en balançant des nœuds de cristaux et de pierreries, liés par des rubans d’argent.

À côté du damné, et appuyé sur le cou d’Iskar, était Fasillo, vêtu de noir aussi et tenant à la main une longue carabine damasquinée ; puis Bentek et ses noirs, rangés sur deux lignes, entouraient silencieusement les canons, et la légère fumée blanchâtre qui s’élevait de distance en distance, prouvait que les mèches étaient allumées, les pièces chargées.

Il n’y avait rien au monde de plus imposant que ce spectacle, qui avait l’air d’une apparition satanique ; car le profond silence de l’équipage du réprouvé, son immobilité, ce navire noir avec toutes ses voiles serrées, ses agrès soigneu-