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Sa voix aigre et criarde dominait surtout à bord du lougre espagnol. — Allons, courage, mes fils ! disait-il ; Dieu est juste, et, par son assistance et la mienne, nous allons être délivrés de cet infernal Gitano. — Comment ! demanda l’honnête Massareo, vous êtes donc bien sûr, Iago, que le damné est au nombre des morts ?

— Où voulez-vous qu’il soit, capitaine ? Ce n’est pas avec un pareil temps que l’on peut se sauver à la nage d’un bâtiment qui sombre. — Mais écoutez, j’ai voulu vous ménager une surprise, dit Iago, s’apercevant que la tartane s’abîmait à vue d’œil. — J’ai la certitude que le damné était au nombre des blessés ; je l’ai terrassé et garrotté.

— Toi ! dit Massareo d’un air plus que dubitatif.

— Moi ! répond Iago avec une inconcevable insolence.

— Iago, si tu peux me donner une preuve de ce que tu avances, par l’orteil de San-Bernardo ! la douane et M. le gouverneur de Cadix te donneront plus de piastres qu’il ne t’en faudra pour armer et équiper un bon trois-mâts, et faire les voyages du Mexique. — Une preuve, capitaine ; quand ce ne seraient que ces horri-