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— Pauvre enfant ! tu avais pourtant manœuvré avec une rare adresse pour emmener ces deux pesans garde-côtes loin de la pointe de la Torre, pendant que j’y débarquais la contrebande du tonsuré. — Mauvaise nuit pour lui, Fasillo ; aussi, pourquoi a-t-il blasphémé… — Le bon Dieu l’a puni, ajouta-t-il en riant et en vidant son verre.

— Par l’âme de ma mère ! commandant, votre seconde tartane marchait comme une dorade : quelle légèreté ! elle eût viré de bord dans un verre d’eau. Hélas ! qu’en reste-t-il, de ce fin et joli navire, maintenant ? rien… que quelques planches brisées ou accrochées sur les roches.

— J’arrivais donc bien à propos, Fasillo ?

— Dieu du ciel ! commandant, j’étais démâté de mon grand mât, de mon beaupré, les trois quarts de mon équipage avaient été emportés par les lames, et mes pompes ne franchissaient plus la voie d’eau, hélas ! il me fallut bien abandonner le bâtiment, qui, peut-être, est déjà coulé tout-à-fait. En ce moment, le bruit de la canonnade devint si distinct, que le Gitano s’élança sur le pont, suivi de Fasillo.

La nuit était noire et épaisse, et le damné, se trouvant au vent du lougre de Massareo, qui ti-