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sion, car en deux bonds il avait disparu.

— Oui, mon enfant, à boire dans ce moment ; car, Fasillo, tu es comme le jeune et ardent savo, qui, ne distinguant pas le cri inoffensif de l’alcyon du cri de guerre du tarak, étend ses ongles et aiguise son bec pour soutenir un combat imaginaire.

— Comment !…

— Écoute attentivement ce bruit, et tu entendras qu’on ne riposte pas à cette canonnade ; si tu n’étais pas là, si tu n’avais pas été forcé par ce levante d’enfer d’abandonner la pauvre sœur de ma tartane, qui, toute désemparée, flotte maintenant au gré des lames comme le nid désert d’un goëland ; si tu n’étais pas là, te dis-je, caro mio, je ne resterais pas étendu sur ce sopha, car je craindrais pour toi. Ainsi, calme cette ardeur, Fasillo ; c’est assurément quelque navire qui périt et demande du secours. Il s’adresse mal, Fasillo ; ce que j’ai fait pour toi hier, je ne l’eusse fait ni ne le ferai jamais pour personne.

— Je vous dois la vie une seconde fois, commandant ; sans vous, sans la vague qui m’a jeté sur votre passage, j’étais englouti avec le malheureux canot que je montais en m’éloignant de ma tartane.