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vices ; on ne me demanda pas si je portais la croix ou le turban, mais on me fit manœuvrer une bonne frégate de guerre ; et quand on vit ce que je valais, on me la confia. Je fis quelques croisières heureuses, et surtout je parcourus la côte avec le plus grand soin. Plus tard, quand la Sainte-Alliance eut reconnu par experts que ton doux pays avait la fièvre jaune…

— Par Mina ! c’était bien une fièvre de liberté !

— Bien, Fasillo, ce fut un petit accès de liberté, court et rapide, que la Sainte-Alliance arrêta vite avec quelque peu de poudre à canon. Belle victoire ! car tes compatriotes, qui ne tirent jamais sur un homme qui porte un crucifix, durent abaisser leurs armes devant les croix, les bannières et les moines qui précédaient l’armée française, et s’agenouillèrent devant l’ennemi comme au passage d’une procession. Aussi ce fut une victoire, une victoire d’eau bénite, Fasillo. Moi, suivant un autre système, je laissais passer les tonsures et je tirais sur les soldats. Aussi, à la paix de Cadix, je fus condamné à mort comme franc-maçon, communero, rebelle, hérétique, ce qui est tout un. Je m’échappai à Tarifa, où nous nous renfermâmes avec Valdès et quelques autres hommes. On nous assiégea,