Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/137

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Et, par ma mère ! on fit un brave marin.

— Au bout de six ans, je commandais un brik qui rencontra le brûlot de Canaris, Fasillo.

Fasillo fit le salut militaire.

— Et je revins dans le port pour me radouber, réparer les ravages du feu, et recruter un nouvel équipage. — Ce qui arrivait toujours quand on rencontrait Canaris et son brûlot. — On me reçut avec joie à Alexandrie. Vrai, c’est une joyeuse ville, surtout par un beau soir, quand le soleil se couche derrière les sables du désert, et qu’il dore de ses rayons le harem de Mehemet, les fortifications du vieux port, le palais de Pharaon et la colonne de Pompée. Alors la bise de mer rafraîchit l’air embrasé ; les nègrès ont étendu la tente rayée bleu sur la terrasse, et, couché sur un moelleux coussin, on attire la vapeur du tabac lévantin, qui se parfume en traversant une eau de rose et de lilas.

Et puis, une belle fille de Candie ou de Samos s’agenouille en rougissant, et vous offre un sorbet glacé dans une coupe richement ciselée. Vous faites un signe, elle approche tout près, et, un bras passé autour de son beau cou, qui se penche, vous considérez avec insouciance cette tête d’ange qui se dessine comme une ap-