Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui marchait à peine, lorsqu’il tomba frappé d’un coup de carabine. C’était le fruit d’une sainte haine que nous portait un chrétien. Je n’avais sur moi que mon stylet, je m’élançai, poursuivis l’assassin, et l’atteignis près d’un rocher ; il était fort et vigoureux, mais le sang de mon père avait taché ma ceinture…

Et je l’égorgeai avec délices. Voilà comme je quittai l’Italie avec ma pauvre petite Sed’lha. — Qu’aurais-tu fait, toi, Fasillo ?

— J’aurais vengé mon père, dit l’enfant après un moment d’un silence expressif. Mais il reprit en soupirant :

— Virons de bord, commandant, et allons en Égypte. On dit que Mehemet-Ali et Ibrahim accueillent les étrangers. Allons à Alexandrie.

— C’est une bonne ville qu’Alexandrie : c’est là que je débarquai en fuyant l’Italie. Un brave émir me recueillit avec ma sœur et m’envoya au collège, car il y a plus d’instruction et de collèges à Alexandrie que dans toutes les Espagnes, Fasillo.

— Je vous crois, commandant.

— Là, j’appris la langue franque, l’espagnol, la science des chiffres, l’art nautique. Enfin, on fit de moi un brave marin.