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Fasillo, qui le regardait d’un air mécontent et étonné.

Le Gitano s’en aperçut :

— Pardon, Fasillo, pardon, mon enfant ; mais ta naïve admiration pour ce doux pays de France, comme on dit, m’a rappelé tant de choses !…

Après un moment de silence, le Gitano passa rapidement sa main sur son front, comme pour chasser une idée pénible, et dit en souriant :

— Maintenant que nous ne pouvons plus faire la contrebande, et que notre escadre est réduite de moitié, où irons-nous, Fasillo ?

— En Italie, commandant ! comme ici, le soleil est chaud, le ciel bleu, les arbres verts ; comme ici, les femmes brunes chantent sur la guitare et s’agenouillent devant la madone ! sans compter que plus d’une anse de la côte de Sicile offrirait un bon et sûr ancrage à votre tartane. Allons ! le cap sur l’Italie, commandant, vous vous mettrez à la solde du Saint-Père !

— En Italie !… non, car les meurtriers y sont punis de mort, vois-tu, Fasillo !

— Dieu ! vous, meurtrier ! s’écria l’enfant avec effroi.

— Écoute, Fasillo, j’avais quatorze ans ; moi et ma sœur Sed’lha nous conduisions mon père,