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s’assurer de l’exactitude de ce curieux bulletin. C’était en effet un bœuf destiné à la nourriture de l’équipage de la tartane, et qu’on avait probablement été forcé d’abandonner en quittant le navire.

— Un bœuf, un ignoble bœuf ! disait Iago. Un plan d’attaque combiné avec tant de sang froid et exécuté avec tant d’audace pour… pour prendre un bœuf à l’abordage ! — Nous allons l’emporter, n’est-ce pas, lieutenant ? Il y a assez long-temps que nous doublons le cap Lard et la pointe Gourgannes, pour jeter l’ancre sur un peu de viande fraîche.

— Tenez,… les entendez-vous ? reprit Iago avec colère. Ânes, brutes que vous êtes ! vous allez, n’est-ce pas, vous exposer aux huées de vos camarades, en emportant ce beau trophée… Je m’y oppose ; remontez sur le pont, suivez-moi, fermez les écoutilles, et, surtout, une fois au bord du lougre, ne démentez pas un mot de ce que je dirai au capitaine Massareo, dans votre intérêt comme dans le mien.

Iago revint à bord du lougre, où l’on commençait à s’inquiéter des suites de la fusillade, et fit, avec une impudence rare, un récit détaillé de son combat contre le Gitano et ses démons.