Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/111

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Enfin, celui qui occupait le haut du mât l’abandonna un instant.

L’autre aperçut le mouvement, et s’élança…

C’est là que le puîné l’attendait. Il lui jeta les deux bras autour du cou, non mollement, comme autrefois en lui disant : — Bonjour, frère ; mais avec frénésie. De façon qu’il l’étrangla en lui serrant la gorge sur le chouque de misaine, avec un bout de cordage qui flottait. — Démarche inutile : la pensée seule fut éteinte dans ce corps, car les bras du cadavre serraient toujours aussi fortement les genoux du fratricide, quand ils disparurent tous les deux !

Lorsque le mousse ne vit plus rien, il se frotta les yeux, regarda encore une fois, et descendit faire son rapport, qui étonna beaucoup ; on coupa court à la confession, avec promesse d’y revenir, et le quart de bas-bord monta sur le pont par les ordres du capitaine. Le vent soufflait avec un peu moins de violence, mais la nuit était claire ; on mit un bon matelot à la barre pour éviter les embardées, et l’on continua de courir à l’ouest.

Ils laissaient porter dans cette direction depuis quelque temps, lorsque le matelot de quart à l’avant cria : — Navire à tribord !