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foudroyantes paroles ; puis elle reprit avec indignation :

— Et qui vous donne le droit de scruter ma pensée ? Et parce que la mort de M. de Hansfeld me rendrait la liberté, est-ce une raison pour que je la désire ?

— Oui… vous la désirez…

— Sortez ! sortez !…

— Oh ! grâce ! grâce ! marraine… — dit Iris en tombant à genoux devant Paula. — Puis elle continua d’une voix déchirante : — Je suis bien coupable, je suis bien criminelle ; je sais toute l’étendue, toutes les conséquences des actions que j’ai commises ; j’ai agi avec réflexion… Mais, je vous le répète, pour moi, le mal, c’est votre chagrin ; le bien, c’est votre bonheur… peu m’importe le reste ! Pourquoi donc me chasseriez-vous ? Est-ce pour moi que j’ai cherché à commettre les crimes qui vous épouvantent ? N’était-ce pas avant tout… vous, et toujours vous, que je voulais servir ?…

— Mais, me servir par de tels moyens… c’était me rendre votre complice !

— Eh bien ! je me repens… je vous demande pardon à genoux… mais ne me chassez pas ; ce serait vouloir ma mort ! Oui… si vous me chassez, je me tuerai… Vous me connaissez… vous savez si j’en suis capable… Je tiens à la vie, parce que je puis vous être utile encore…

— Non, non ; va-t’en… Tu veux mourir ?… Eh bien ! meurs !… ce sera un bienfait pour le monde…