eût été découvert, moi seule pouvais être accusée… et d’ailleurs je me serais avouée la seule coupable.
— C’est horrible ! horrible !… Et vous n’avez pas reculé devant l’énormité du crime que vous alliez commettre ?
— Vous désiriez être veuve…
— Vous l’ai-je jamais dit ? me l’étais-je seulement dit à moi-même ?
— Vous regrettiez de vous être mariée… je vous rendais votre liberté…
— Mais vous n’avez donc aucune notion du mal et du bien ?
— Le bien… c’est votre bonheur ; … le mal… c’est votre chagrin…
— Qui pourrait croire, mon Dieu ! à cette sauvage et féroce exaltation… Comment votre main n’a-t-elle pas tremblé ? comment avez-vous pu méditer un tel crime ? Comment surtout avez-vous pu récidiver ?
— Après la première tentative… vous avez été encore plus triste que d’habitude… Vous vous êtes souvent plainte à moi de tout ce que vous faisait souffrir l’inégalité du caractère du prince ; devant moi bien souvent vous avez maudit le jour où vous aviez consenti à ce mariage ; quelquefois même, en déplorant votre triste existence, vous regrettiez de n’être pas morte… Alors une seconde fois j’ai voulu le tuer… dans cette auberge isolée ; je m’étais introduite dans sa chambre par le balcon