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ne songiez qu’à Raphaël, dont vous parliez presque toujours avec votre tante en présence d’Inès… Pendant ce temps Raphaël vous trompait…

— Raphaël !… oh ! tu mens… tu mens…

— Il vous trompait, vous dis-je, vous en aurez la preuve. Il était venu à Venise pour dégager sa parole ; il était fiancé avec une jeune Grecque de Zante… nommée Cora… Je vous le prouverai… Il connaissait votre confiance en moi, il m’attribuait sur vous une influence que je n’avais pas… Ce fut donc à moi qu’il fit les premiers aveux de sa trahison, en me suppliant de vous en instruire avec tous les ménagements possibles. De moi… ce coup devait vous paraître moins cruel.

— Mais son duel avec Brévannes ?

— Tout à l’heure… laissez-moi continuer. En entendant les lâches et parjures paroles de Raphaël… je fus à la fois joyeuse et courroucée.

— Joyeuse ?

— Oui, car je hais presque autant ceux qui vous aiment que ceux qui vous sont ennemis.

— Mais c’est le démon… que cette insensée… Ah ! maudit soit le jour où je t’ai rencontrée sur mon chemin !…

— Maudit soit ce jour pour nous deux peut-être. En apprenant la trahison de Raphaël, je fus donc joyeuse et courroucée ; pour vous venger à l’instant, là… sous mes yeux, je dis à Raphaël qu’il avait tort de prendre de tels ménagements ; que vous l’aviez dès longtemps imité, sinon prévenu