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mation, et leur vie n’est qu’un long et triste gémissement.

D’autres, blessés plus à vif ou moins résignés, s’écrient : — Oh ! si j’étais délivré de mon bourreau !… — D’autres enfin : — Pourquoi la mort ne m’en débarrasse-t-elle pas ?

Que l’on suive attentivement les conséquences, la logique de ces plaintes, de ces espérances, de ces vœux… on arrivera toujours à un résultat véniellement meurtrier.

C’est toujours plus ou moins l’effrayante et fatale nécessité qui conduit Macbeth de crime en crime.

Que d’honnêtes gens ont frémi, épouvantés du nombre de crimes platoniques qu’ils étaient entraînés à commettre par une première pensée juste en apparence !

Pour Paula, une des idées résultant de son entretien avec M. de Hansfeld fut donc celle-ci :

— Mon mari, que je n’aime pas ; mon mari, que j’ai épousé par obsession ; mon mari, qui a de moi une opinion si infâme qu’il m’a crue capable d’avoir trois fois attenté à ses jours… mon mari aurait pu mourir…, et sa mort me permettait de récompenser l’amour le plus passionné.

En vain Paula, qui pressentait la funeste attraction de cette idée, voulut la fuir… Elle y revint sans cesse, et presqu’à son insu, de même qu’on revient sans cesse et malgré soi au point central d’un labyrinthe où l’on est égaré.