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Morville, si longtemps cachée, si longtemps combattue, allait être aussi heureuse qu’elle pouvait l’être.

Iris, en révélant à sa maîtresse que le prince se rendait souvent chez Pierre Raimond, sous un nom supposé, pour y rencontrer madame de Brévannes, avait excité la colère de Paula contre Berthe ; c’était sans doute pour garder plus facilement un incognito qui favorisait son amour que le prince exigeait le départ de madame de Hansfeld.

Après de mûres réflexions, Paula crut entrevoir quelque chance de salut dans la passion même de son mari pour madame de Brévannes.

Malgré l’ordre du prince, madame de Hansfeld n’avait annoncé son départ à personne, et ne se préparait nullement à ce voyage, espérant que peut-être son mari renoncerait à sa première détermination. Quant à ses menaces de dévoiler les crimes de sa femme et de l’abandonner à la justice des hommes, Paula n’y avait vu qu’une nouvelle preuve de l’aberration de l’esprit d’Arnold.

Jusqu’alors les différents accès de ce qu’elle appelait la folie de M. de Hansfeld lui avaient presque inspiré autant de commisération que d’effroi. Mais dans son dernier entretien, le prince s’était montré si dur, si injuste, elle se voyait si cruellement sacrifiée à l’affection qu’il ressentait pour Berthe, que, blessée dans ce qu’elle avait de plus précieux au monde… son amour pour M. de Morville, Paula partageait sa haine entre son mari et madame de Brévannes.