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nagement ! — s’écria le graveur ; — et c’est ensuite de ce nouveau crime que vous avez relégué cette infâme en Allemagne.

— Si j’hésitais à vous raconter cette horrible histoire, mon ami — reprit le prince d’un air confus — c’est que j’avais la conscience de ma faiblesse, ou plutôt de l’inexplicable influence que Paula conservait sur moi…

— Comment ! après cette nouvelle tentative…

— Oh ! si vous saviez ce qu’il y a d’affreux dans le doute…

— Mais ce coup de poignard ? — dit Pierre Raimond.

— Mais ce sommeil si profond ? mais ce réveil si doux, si paisible ?

— Lorsqu’elle vous vit blessé, que dit-elle ? — s’écria Berthe.

— Vous peindre son angoisse, sa stupeur, ses soins empressés, me serait impossible. De l’air du monde le plus naturel, elle s’écria qu’il fallait faire partout des perquisitions. Elle avait aussi remarqué la veille la sinistre physionomie du maître de cette auberge ; comme moi elle s’épuisait en vaines conjectures. Frantz affirmait n’avoir vu passer personne, et qu’on avait dû s’introduire par une fenêtre qui s’ouvrait sur un balcon ; mais cette fenêtre se trouva parfaitement fermée. L’accent de Paula fut si naturel, que mon vieux serviteur, qui ne l’aimait pas, qui avait vu mon mariage avec peine, n’eut pas un instant la pensée d’accuser ma femme.