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du sommeil ; et sa physionomie, ordinairement sérieuse, était presque souriante.

— Mais cela est à peine croyable — s’écria Pierre Raimond ; — comment ! votre femme dormait paisiblement après une pareille tentative ?

— Son sommeil était, vous dis-je, d’une sérénité si profonde, que je ne pouvais non plus en croire mes yeux. Debout, pâle, immobile, je la contemplais d’un air hagard.

— Et il n’y avait pas d’autre femme que la vôtre dans cette auberge ? — demanda Berthe.

— Il n’y avait qu’elle.

— Et cette jeune fille, cette bohémienne ? — dit Pierre Raimond.

— Elle était couchée dans une pièce qui donnait sur la chambre où veillait Frantz ; il ne dormait pas, il avait de la lumière, il était impossible d’entrer chez nous sans qu’il le vît.

— Il faut donc le croire… cette fois, c’était bien elle, — dit Berthe. — Un tel crime est-il possible, mon Dieu !

— Une dissimulation pareille m’épouvante encore plus que le crime — dit Pierre Raimond.

— Une dernière preuve d’ailleurs ne me laissait presque aucun doute — dit Arnold. — Sur le plancher, aux pieds de ma femme, je reconnus une dague florentine, arme précieuse, ciselée par Benvenuto Cellini, qui avait été, je crois, léguée à Paula par son père.

— Dès lors vous n’avez plus gardé aucun mé-