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mon vieux serviteur… Paula ne pouvait cacher son effroi ; le vent semblait ébranler la maison jusque dans ses fondements ; nous veillâmes tous deux assez tard. Seuls dans cette chambre, je m’étais assis sur un mauvais grabat, pendant que ma femme reposait dans un fauteuil. Je succombai au sommeil, malgré tous mes efforts.

J’ignore depuis combien de temps je dormais, lorsque je fus brusquement éveillé par une douleur aiguë à la partie interne du bras gauche. L’obscurité la plus profonde régnait dans cette pièce. Mon premier soin fut de saisir la main que je sentais peser sur moi… Cette main frêle et délicate tenait un stylet très aigu…

— Mon Dieu ! — s’écria Berthe épouvantée en joignant les mains.

— Encore… une tentative… mais cela est effroyable — dit Pierre Raimond.

Arnold continua :

— Grâce à l’obscurité, on avait enfoncé le stylet entre mon corps et mon bras gauche, étroitement serré contre moi. À la légère résistance que rencontra la lame en glissant dans cet étroit intervalle, on dut croire qu’elle pénétrait dans ma poitrine. Cette erreur me sauva ; j’en fus quitte pour une légère blessure au bras.

— Quel bonheur ! — dit Berthe.

— Je vous l’ai dit, mon premier mouvement en m’éveillant fut de saisir la main que je sentais peser sur moi ; tout-à-coup cette main devint glacée ;