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dant avec effusion au témoignage de cordialité de M. de Hansfeld. — Je suis un vieux fou… aussi emporté qu’à vingt ans….

À ce moment Berthe entra.

Il eût été difficile de peindre la ravissante expression de sa physionomie en voyant son père et Arnold se serrer ainsi la main. Ses yeux se remplirent de larmes de bonheur.

— Viens à mon secours, enfant — dit Pierre Raimond. — Je suis battu… ma folle barbe grise est obligée de s’incliner devant cette vénérable moustache blonde… Il reste calme comme la raison, et je m’emporte… comme si j’avais tort…

— Et le sujet de cette grave discussion ? — dit Berthe en souriant et en regardant alternativement Arnold et son père.

— Michel-Ange… — dit Pierre Raimond.

— Raphaël… — dit Arnold.

— Comment, monsieur Arnold, vous ne pouvez pas céder à mon père ?

— Je voudrais bien voir qu’il me cédât sans discussion !… Je ne veux pas qu’il cède… mais qu’il soit convaincu…

— Quant à cela, monsieur Raimond… j’en doute… les convictions ne s’imposent pas, et Raphaël…

— Mais Michel-Ange…

— Allons — dit Berthe — pour vous mettre d’accord, je vais jouer l’air de Fidelio, que M. Arnold aime tant… qu’il vous l’a aussi fait aimer, mon père.