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M. de Hansfeld était d’une excessive timidité ; les obligations de son rang lui pesaient tellement que, pour leur échapper, il avait affecté les plus grandes excentricités. Ses goûts, ses penchants se portaient à une vie simple, obscure, paisiblement occupée d’arts et de théories sociales. Aussi, même en l’absence de Berthe, il trouvait dans les deux pauvres chambres de Pierre Raimond plus de plaisir, de bonheur, de contentement qu’il n’en avait trouvé jusqu’alors dans tous ses palais.

S’il avait seulement voulu dissimuler ses assiduités auprès de Berthe sous de trompeuses prévenances envers le graveur, celui-ci avait trop l’instinct du vrai pour ne pas s’en être aperçu, et trop de rigide fierté pour ne pas fermer sa porte à Arnold.

Pierre Raimond n’ignorait pas que son jeune ami trouvait Berthe charmante, et qu’il admirait autant son talent d’artiste que la candeur de son caractère, que la grâce de son esprit.

Dans son orgueil paternel, loin de s’alarmer, Pierre Raimond se réjouissait de cette admiration. N’avait-il pas une confiance aveugle dans les principes de Berthe ? Ne devait-il pas la vie à Arnold ? Comment supposer que ce jeune homme au cœur noble, aux idées généreuses, abuserait indignement des relations que la reconnaissance avait établies entre lui et l’homme qu’il avait sauvé.

Aux yeux de Pierre Raimond, cela eût été plus