Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/193

Cette page a été validée par deux contributeurs.

peine dissimuler sa joie ; pourtant, avant d’accepter, il tâcha, mais en vain, de rencontrer le regard de Berthe. La jeune femme n’osait lever les yeux.

Arnold interpréta cette expression négative en sa faveur, et répondit :

— En vérité, monsieur, cette offre est si aimable et faite avec tant de bonne grâce… que je craindrais de vous laisser voir tout le plaisir qu’elle me fait, si, comme vous le dites, entre chasseurs on ne devait pas avant tout accepter franchement ce qu’on vous offre franchement.

— Vous acceptez donc, monsieur ? — s’écria M. de Brévannes. — Puis, s’adressant à Paula : — Puis-je espérer, madame, que l’exemple de M. de Hansfeld vous encouragera, si sauvage que soit mon invitation, si insolite que soit en plein hiver, je n’ose dire… une telle partie de plaisir. Je suis sûr que madame de Brévannes ferait de son mieux pour vous faire trouver moins longs ces quelques jours de solitude au milieu de nos bois.

— Croyez, madame — dit Berthe d’une voix altérée — que je serais bien heureuse si vous daigniez nous accorder cette faveur.

— Vous êtes mille fois aimable, madame ; mais je crains de vous causer un tel dérangement… — dit Paula dans une inexprimable angoisse. Elle sentait que de son consentement allait dépendre son avenir, celui de M. de Morville, celui de Berthe et d’Arnold ; car, ainsi que l’avait prévu Iris, sans s’attendre pourtant à cet incident si peu prévu,