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— Mais vous perdez la raison. Cet homme, si vaniteux qu’il soit, ne se croira jamais aimé de moi. À peine lui ai-je dit quelques paroles bienveillantes pour conjurer le mal qu’il pouvait me faire.

— Mais… j’ai parlé pour vous… moi !

— Vous avez parlé pour moi ?

Et Iris raconta à madame de Hansfeld l’histoire du livre noir.

Paula resta muette, anéantie, à cette révélation.

Elle ne pouvait croire à tant d’audace, à une combinaison si diabolique.

— Mais c’est épouvantable ! — s’écria-t-elle.

Iris regarda sa maîtresse en souriant d’un air étrange, et lui dit :

— Vous m’aviez jusqu’ici reproché d’agir sans votre consentement… j’ai eu tort… Je voulais vous cacher le fil des événements qui se préparaient, vous m’avez forcée de vous le découvrir… Vous devez vous en repentir, maintenant que vous savez tout… Ignorante de cette trame, son succès était pour vous un coup du hasard, vous en profitiez sans remords ; maintenant vous en êtes instruite… si vous ne la dévoilez pas, vous en êtes complice.

— Et pourquoi m’avez vous obéi ? — s’écria machinalement madame de Hansfeld. — Pourquoi m’avez-vous appris ces horreurs ?

Ce mot était odieux, il révélait la secrète et homicide pensée de Paula.

— Je vous ai obéi — reprit amèrement Iris —